Les aventures de Slylock Holmes

Dans cette histoire somme toute très banale, Paul ne s’appelle pas Paul, et il n’habite pas à Lille. Mai ne s’appelle pas Mai, et elle ne bosse pas au Rainbow II. Exceptés ces quelques détails, voici les chroniques d’un amour ordinaire entre un touriste français approchant la cinquantaine et une jeune fille de bar de Bangkok.

chroniques quartier rouge bangkok

Slylock Holmes mène l’enquête

Tout a commencé par un simple email. Paul, l’expéditeur, était revenu de ses vacances en Thaïlande depuis quatre mois. Et depuis quatre mois, il déprimait, obnubilé par une gogo danseuse de Nana Plaza rencontrée lors de son séjour. Après avoir passé cinq jours avec elle, en lui payant le bar fine chaque jour pour qu’elle n’aille pas travailler, il est reparti dans son lointain pays qui jadis fut aussi le mien. De retour sur Lille, il reste en contact avec la douce Mai. Pour l’aider à subvenir à ses besoins, il lui envoie l’équivalent de 500€ tous les mois, soit 20.000 THB. Ils se parlent tous les jours via MSN ou Facebook, et il l’appelle une fois par semaine. Au bout d’un moment, Mai lui dit qu’elle croit être vraiment tombée amoureuse et qu’elle souhaite arrêter de se prostituer, car elle se sent mal à l’aise vis-à-vis de lui. Paul s’en réjouit et ne peut qu’encourager la décision de Mai.

Mais cette dernière a besoin d’un soutient financier pour franchir le cap : elle lui dit qu’elle doit récolter 50.000 THB (1.250€) pour pouvoir démissionner du bar. Paul, surpris du montant qu’elle doit verser à sa mamasan pour cesser de bosser, décide d’entreprendre quelques recherches sur internet pour en savoir plus, et c’est là qu’il tombe sur mon blog. Il est d’abord étonné de l’humour et de la légèreté avec laquelle j’aborde tous ces sujets plus ou moins taboo en France, et il accroche à mon style d’écriture plutôt pragmatique. Il parcourt l’ensemble de mes articles et il apprécie tout particulièrement mes Chroniques des Quartiers Rouges. Il lit mon blog avec une certaine anxiété, redoutant à chaque ligne de me voir évoquer le nom de se chère et tendre. Mais non, aucune trace de Mai sur mon site. Il se décide alors à m’envoyer un premier email, d’une part pour me féliciter de mon travail de rédaction et d’information, et d’autre part pour me demander si à tout hasard j’avais déjà rencontré Mai.

Toujours content d’avoir des retours positifs de la part de mes lecteurs, je lui répond un petit message sympa, en lui disant que malheureusement non, je ne connais pas Mai. Il me répond à nouveau et me demande alors si je peux lui rendre un service. Il veut que j’aille à la rencontre de Mai, que je fasse connaissance avec elle et que j’essaye d’en savoir un peu plus sur ses réelles motivations. Car en attendant les fameux 50.000 THB, elle lui dit qu’elle doit continuer à travailler au bar, mais qu’elle ne fait que boire avec les clients… Lady drink, oui, bar fine, non.

Première réponse qui me vient à l’esprit, je lui dit que ce n’est pas nécessaire, que c’est du classique baratin de bar à tainp’, et qu’il ferait mieux de l’oublier. Les filles de bar, c’est fuck and forget, sinon tu restes chez toi. Je lui suggère fortement de laisser tomber car de toutes façons elle espère juste obtenir de l’argent ; et une fois qu’elle l’aura reçu, elle continuera sans aucuns doutes à se prostituer dans son bar. Voilà en gros la teneur de ma réponse qui le déçoit fortement. Paul revient alors à la charge avec un nouvel email dans lequel il me propose de financer ma soirée investigation, avec une citation de mes chroniques à l’appui « …elle a compris comment me prendre par les sentiments, il suffit de me parler d’argent. ». Bon, là pour le coup j’ai un peu l’impression de décevoir un fan, alors on se met alors en relation via Facebook pour pouvoir discuter en live.

_ Je te propose 100€ pour couvrir les dépenses de ta soirée.

_ 4.000 THB ? Pour aller boire quelques verres avec une fille ? C’est un peu exagéré non ?

_ Non. Je veux tout savoir. Demande lui si elle a quelqu’un dans sa vie. Demande lui si elle a des clients qui lui envoient régulièrement de l’argent, des « pigeons voyageurs », comme tu dis. Récolte toutes les informations que tu peux à son sujet.

_ Ok… Est-ce que le fait qu’elle soit barfinable ou pas ça rentre dans les informations que tu souhaites obtenir.

_ Évidemment, les 4000 THB ne sont pas là pour rien. Si elle est ok pour le bar fine, vas-y, et dis-moi.

_ Ok donc si j’ai bien compris, tu m’envoies de l’argent pour que je finisse à l’hôtel avec la fille qui t’obsède ? T’es pas un peu barré toi ?

_ Je veux juste savoir. Si tu me dis qu’elle est partie avec toi, ok, je tourne la page.

_ Je peux te faire économiser 100€ si tu veux : je suis sûr qu’elle dira oui. Je les connais bien les filles de bar. Ne tourne pas la page, arrache la !

_ Oui, mais elle est différente des autres.

_ C’est ce qu’ils disent tous avant de se rendre compte que finalement j’avais raison. Mais bon, alaï ko daï, tu pourrais me la décrire un peu ?

_ Oui bien sûr, elle est très facile à reconnaître…

_ Ah bon ? Elle a quoi de si spécial ?

_ C’est la seule du bar qui porte le numéro 21 ! 😀

_ Haha, forcément, c’est plus facile comme ça ! Et c’est moi le soit-disant expert des gogo bars…

_ Je t’envoie 50€ par Paypal ce soir, et l’autre moitié quand tu me donneras des nouvelles d’elle. Ça te va ?

_ Yep, évidemment que ça me va !

_ Même si tu finis avec elle, je fais confiance à la délicatesse de ta plume, et je suis sûr que tu trouveras les mots justes pour m’annoncer ça en douceur.

_ La délicatesse de ma plume ?! T’es sûr que c’est bien mon blog que tu lis ?

Le vendredi soir suivant, je me prépare comme à chaque début de week-end. Je me passe un coup de tondeuse, douche, parfum, sapes qui sentent bon la lessive, et en route pour Farang Land. Je me rends au Rainbow II, qui est loin de figurer parmi mes gogo bars favoris, mais bon, ce soir je suis en mission. D’un côté ce n’est pas plus mal, car aller à la pêche aux infos dans un bar où je connais déjà plusieurs danseuses aurait peut-être éveillé des soupçons.

Je me pose donc sur une banquette, et prend le temps d’apprécier les danseuses qui se trémoussent sans grande conviction sur la scène. Je vois ma pote Jane, qui bossait au G-Spot avant, qui me demande de lui offrir un verre :

_ Salut Sly, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu !

_ Oui c’est vrai, mais bon, entre le G-Spot et le Rainbow II, on peut pas dire que tu choisisses les meilleurs bars non plus !

_ Je peux m’asseoir ? Tu m’offres un verre ?

_ Hum… Non, désolé, j’ai déjà repéré une autre fille qui me plaît bien.

_ Ah bon ? Laquelle ?

Le truc, c’est que je n’ai toujours pas vu la fameuse numéro 21. J’essaye donc de temporiser :

_ Hum, je garde ça pour moi, c’est top secret.

_ Oh, je ne suis pas jalouse hein, tu peux y aller.

_ Oui je me doute bien, mais je me doute aussi que si je te dis qui elle est, tu vas aller lui dire.

_ Et alors ?

_ Et alors je préfère me débrouiller tout seul, sans intermédiaire.

_ Ah ok, bon ben, I’m must go to dancing now.

Je reprends donc mon travail d’observation, et tente en vain de repérer Mai. Un peu plus tard, c’est au tour du deuxième groupe de danseuses de monter sur la scène. Les danseuses du premier set se regroupent pour descendre et j’aperçois alors le numéro gagnant, le 21 ! Elle était là depuis le début, sous mes yeux, mais elle me tournais le dos. J’essaye d’accrocher son regard alors qu’elle descend les marches, mais elle semble fixer quelqu’un ou quelque chose de l’autre côté du bar. Étant assez mal placé, je ne vois pas ce qu’elle regarde, mais j’arrive à la suivre dans le reflet des miroirs situés de l’autre côté du bar : elle va rejoindre un japonais (Rainbow Power). Je reste les observer via les miroirs, quand ma copine Jane revient à la charge :

_ Ah ok, c’était donc elle ?

_ Euh, de quoi ?

_ Oh je t’ai bien grillé hein ! Elle s’appelle Mai, celle que tu ne lâches pas des yeux.

_ Ben dis donc, t’es plutôt observatrice toi. Moi qui pensait être discret en me servant du miroir mural.

_ Tu ne voulais pas me dire quelle fille tu voulais, j’ai donc tenté de deviner toute seule.

_ Bien joué. J’avoue, t’as l’œil.

_ Tu m’offres un verre ?

_ Non, toujours pas. Désolé, mais c’est elle que je voulais ce soir. Tu sais si elle part en ST ou LT ?

_ Si tu m’offres un verre, je t’en dis un peu plus…

_ Plus… genre quoi ?

_ Plus, genre je veux une tequila, et je te dis si ST ou LT, et je te dis aussi pourquoi tu ferais mieux de partir avec moi. [Rires]

_ Mais toi je t’ai déjà goûtée, quatre ou cinq fois il me semble. J’ai envie d’un peu de nouveauté !

_ Bon, tequila ou quoi ?

_ Non, pas tequila, ce que tu veux, mais pas un shooter.

_ Ok, alors va pour une Singha.

Jane part chercher son lady drink, et revient s’asseoir à côté de moi. Elle me raconte alors que le client de Mai vient ici tous les soirs depuis un peu plus d’une semaine, et qu’à chaque fois il claque la masse de sous dans le bar avant de la bar finer pour un short time.

_ Short time tous les soirs ? Mais s’il l’aime tant que ça, pourquoi il ne la prend pas en long time ?

_ Elle ne fait pas de long time. Seulement du short time.

_ Ah ouais ? Tiens c’est bizarre ça…

_ Pourquoi tu trouves ça bizarre ? Beaucoup de filles ne font que du short time, tu devrais être au courant quand même depuis le temps !

_ Oui oui, je sais, mais je me dis juste qu’elle pourrait doubler ses gains en partant en LT avec lui…

_ Ça ne l’intéresse pas, elle se fait 2000 baths avec lui et est de retour au bar dans les 30 minutes qui suivent.

_ Ah ouais c’est du vite fait. Du coup je peux peut-être essayer de lui mettre la main dessus à son retour.

_ Oui bien sûr, mais ça sera même tarif et même durée. Un ST à 2000 ou rien.

À ce moment, je me dis que je pourrais très bien m’arrêter là, et envoyer un email à Paul en lui disant que j’avais bien raison : Mai travaille toujours et est effectivement disponible. Mais il y a quand même un truc qui m’étonne : Paul m’avait dit qu’il lui payait tous les jours l’équivalent du bar fine pour qu’elle n’aille pas travailler, et il la gardait donc en LT. Pourquoi maintenant ne ferait-elle que des ST ? Intrigué par ce petit détail, je décide de rester dans le gogo bar et d’attendre son retour, en misant fortement sur le fait que les ST sont dus à un petit copain thaï qui doit l’attendre chez elle.

Un peu plus tard, je la vois qui revient dans le bar. Je tente un petit sourire, je me prend un bon gros vent. C’est pas gagné. Elle va se changer pour remettre sa tenue de danseuse, puis elle remonte sur la scène. Je la vois qui discute avec Jane, elles me regardent toutes les deux, et là, enfin, Mai me lâche un petit sourire. Je lui fais signe pour qu’elle vienne boire un verre, et elle descend de la scène aussitôt. Elle vient se poser à côté de moi et entame la conversation :

_ Alors comme ça t’es un pote à Jane ?

_ Oui, je la connais depuis un petit moment maintenant.

_ Tu parles thaï ?

_ Je me débrouille vite fait, oui.

_ Ah, je n’aime pas les farangs qui parlent thaï… Généralement ce sont ceux qui payent le moins !

_ Ha ha, c’est vrai, j’avoue ! Mais si tu veux te faire 600 baths de plus, on se retrouve à la fermeture du bar, et je te donne l’argent du bar fine… ok ?

_ Hum, non, pas ok. Si tu me veux, c’est maintenant, et c’est 2000 le short time.

_ Et si je te veux pour un long time ?

_ Pas ok non plus, je rentre chez moi à la fermeture du bar.

_ Ah d’accord, tu vas retrouver ton petit copain thaï, c’est ça ?

_ Ça ne te regarde pas. Mais… non, pas de petit copain thaï… Me no like thai men, thai men no good.

_ Désolé hein, mais je ne suis pas fan des short time… Je préfère passer un moment sympa, genre aller s’amuser en boite, se taper un restau à 7h du matin et tailler à l’hôtel pour dormir jusqu’à 18h !

_ Dans d’autres circonstances, je t’aurai sûrement dit oui, mais là, c’est non.

_ C’est quoi ces circonstances qui font que tu refuses ? C’est plutôt rare qu’une fille de bar me mette un stop.

_ Et toi c’est quoi toutes tes questions ? T’es de la police ou quoi ?

_ Non, FBI.

Là je marque un point : elle explose de rire, elle va même jusqu’à relancer « NCIS lor ? ». Plus la conversation se poursuit, plus elle se détend et abandonne ses airs de professionnelle qui m’énervent. Je n’apprends pas grand chose d’intéressant sur elle, mais bon, elle parle beaucoup et semble de plus en plus à l’aise. À un moment, une des serveuses arrive avec ses gros sabots et me jette un « you want pay bar for she ? ». Mai reste me regarder, curieuse de voir ma réponse, et baisse la tête quand je réponds non à la serveuse.

_ Pourquoi tu ne payes pas le bar ? On s’amuse bien là, on pourrait s’amuser encore plus à l’étage.

_ Je t’ai déjà dit, je ne suis pas fan des short time.

_ Hum… elle tient toujours ta proposition de me filer 600 THB pour qu’on se retrouve dehors à 2h pour aller en boite ?

_ Oh oh, madame change d’avis !

_ C’est de ta faute aussi… Généralement les clients ils viennent, ils payent le bar fine, et on part à l’hôtel… Alors que toi depuis tout à l’heure tu me parles comme si t’essayais de me séduire.

_ Et on dirait que ça marche ! [Rires]

_ Non, ça ne marche pas… Mais tu es sympa, plutôt mignon, et tu me fais rire quand tu parles thaï. Et puis ça fait longtemps que je n’ai pas été en boite !

_ Et pourquoi tu n’y vas pas ? Beaucoup de filles se retrouvent en discothèque à la fermeture des bars…

_ Oui, mais j’ai d’autres projets, j’essaye de mettre de l’argent de côté.

_ Ah bon ? Quel genre de projets ? Tu comptes faire quoi avec tes tunes ?

_ C’est personnel. Quand tu me connaîtras aussi bien que tu connais Jane, je t’en dirais plus.

_ Euh, t’es au courant que Jane c’est pas juste ma pote ? J’ai fini plusieurs fois à l’hôtel avec elle hein…

_ Oui, je sais. Je te reparlerai de mes projets quand on en sera arrivé là. [Rires]

Je me rends compte que le délire part loin, très loin. J’étais venu à la pêche aux infos, et me voilà avec une fille qui est passée du mode professionnelle froide et distante au mode bonne copine sympa et rigolote. Je quitte le bar un peu avant la fermeture histoire de prendre un peu d’avance et de gagner notre point de rendez-vous. On se retrouve sur les coups de 2h30 devant le 7-Eleven du Soi 5 et je lui file ses 600 THB. C’est quelque chose que je fais assez fréquemment, car quitte à devoir payer 600 THB, je préfère les donner directement à la fille plutôt que d’enrichir son boss. Ensuite elle me dit qu’elle a faim, on retourne donc à l’entrée du Soi 3 pour manger un truc.

_ Tu sais, je n’attends pas d’argent de toi. Ce soir, je n’ai pas trouvé un client, j’ai trouvé un pote.

_ Euh, ok, cool. Mais je t’annonce hein, il est fort probable que ton nouveau pote ait envie de finir la nuit avec toi.

_ Sans blague ? Je ne suis pas débile ! Ce que je te dis c’est que je ne veux pas d’argent.

_ Tu m’expliques le concept là ? Tout à l’heure tu me dis que tu mets des sous de côté pour tes projets, et maintenant, tu me dis que tu ne veux pas d’argent…

À ce moment là, son téléphone sonne. Elle regarde le numéro, me regarde, regarde encore son téléphone, hésite à décrocher, puis prend finalement l’appel. Sur le moment je me dis que je vais vite être fixé, si elle parle anglais c’est sûrement un client, et si elle parle thaï c’est peut-être le petit copain dont je soupçonne très fortement l’existence. Elle commence à parler, mais je ne comprends rien : elle parle en karen, ou un autre dialecte du genre, un truc qui se rapproche du Cambodgien et qui est assez répandu chez les filles venant de Surin et des coins proches de la frontière.

Pour moi qui pensait choper des infos en écoutant sa conversation, c’est mort. Mais je devine qu’elle n’est pas très à l’aise, elle semble gênée par ce coup de fil et est sûrement en train de se demander si je comprends ce qu’elle raconte. Elle fini par raccrocher et m’annonce que c’était sa sœur qui veut la rejoindre à l’Insomnia. On aurait été en train de jouer au poker, j’aurais relancé, tapis, tellement le bluff semblait évident. Mais bon, je ne dis rien, j’accepte d’aller retrouver sa sœur à condition qu’elle ne ramène pas une dizaine de copines qui espèrent se faire payer à boire toute la soirée.

En arrivant à l’Insomnia, je lui dit qu’on ferait bien d’attendre sa sœur histoire qu’on rentre tous ensembles avec une bouteille de whisky, pour qu’elle évite de payer l’entrée. Quand elle me dit que ce n’est pas la peine, je me dis de plus en plus que ça sent le plan foireux. Mais bon, j’ai une mission, j’ai le budget, je continue dans mon délire. On commence à trinquer avec le premier verre, puis elle prend son sac à main et me dit :

_ Je vais aux toilettes, je reviens.

_ Ben j’espère bien que tu vas revenir ! Et tu peux laisser ton sac ici hein, je ne vais pas récupérer mes 600 THB dedans…

_ Non je le prends avec moi comme ça je vais en profiter pour me remaquiller.

_ Ah ok, comme tu veux.

Le temps qu’elle aille aux toilettes, je repère un peu les alentours. Il y a quelques moches, quelques grosses, et un paquet de filles plutôt mignonnes. Mai prend son temps pour se faire belle, au point que j’en arrive à me demander si elle va vraiment revenir. Je bois un verre, puis un deuxième. Ça descend vraiment trop vite ces verres de whisky coca pleins de glaçons ! Alors que je me sers un troisième verre, elle revient finalement à la table accompagnée d’une autre fille :

_ She my friend me. She like you too mut.

_ Ah ouais c’est cool ça, ça veut dire qu’on part à trois ?

_ Non, ça veut dire que vous partez tous les deux si c’est ok pour toi… Je dois y aller, finalement ma sœur ne veut pas venir et m’attend dehors pour me ramener.

Je savais bien que c’était un plan à la con cette histoire de frangine. Je suis sûr que c’est son mec qui l’attend dehors, je suis sûr que c’est un thaï fashion avec plein de tatouages et de gel. Mais bon, elle reste quand même fair play et me trouve une roue de secours pour finir la soirée, j’apprécie le geste. Encore plus fort, avant de partir, elle me rend même mes 600 THB… Y’a pas à dire, j’adore les filles sponsorisées ! Je reste à l’Insomnia avec mon plan dépanne, on termine vite fait la bouteille aidés par quelques-unes de ses copines et on bouge à l’hôtel.

Réveil tard dans l’après-midi, petite gueule de bois, la miss dort toujours profondément quand je taille sous la douche. Avant de partir je la réveille, histoire de lui demander son prix, mais ce n’est pas une pro, elle ne veut pas d’argent. Elle voulait juste s’amuser, juste se taper un farang pour le fun. Content de mon affaire, je lui laisse 200 baths pour le taxi à côté de son sac à main.

En rentrant chez moi je rédige un email adressé à Paul, contenant le débriefing de ma soirée : le client japonnais régulier, les ST à la pelle tous les soirs, mon esquive du bar fine et le fait qu’elle comptait finir la soirée avec moi sans attendre d’argent en retour, ses sous de côté pour ses projets mystérieux, la forte probabilité d’un copain thaï… Bref, tout un tas de raisons qui pousseraient n’importe quel esprit normalement constitué à tirer un trait sur l’histoire.

Je lui fait également remarquer dans mon email qu’il y a quand même des zones d’ombres plus ou moins obscures que je suis incapable d’éclaircir… Pourquoi est-ce qu’elle a accepté de me rejoindre à la fermeture du bar si elle a vraiment un copain thaï ? Est-ce qu’elle connaissait vraiment la fille de l’Insomnia, ou est-ce qu’elle m’a refilé la première venue pour se débarrasser de moi ? Quels sont ses fameux projets pour lesquels elle mettait de l’argent de côté ? En tout cas, en dépit de toutes ces interrogations, une chose est sûre, elle ne m’a jamais parlé de Paul. Pas plus qu’elle n’a évoqué l’éventualité d’arrêter de travailler. Mai était toujours en fonction et effectivement barfinable.

Dans l’heure qui suivit, je recevais les 50€ restants et un email ayant pour objet « merci », où il laissait exploser sa haine. Pas envers moi, ni envers Mai, mais envers lui même, pour avoir été assez con pour lui envoyer 20.000 THB par mois durant quatre mois de rang. Il me demande par la même occasion de raconter ça sur mon blog, histoire de remettre une couche au cas où il y aurait encore des gars qui se demandent si oui ou non ils peuvent faire confiance à une fille de bar en Thaïlande…

Soit tu fais tourner, soit tu vas jouer à saute-mouton avec une licorne 🦄

A propos de l'auteur

Sly Nakrap

Sly, aka Seulaï (สไล), est expatrié en Thaïlande et habite à Bangkok. Tout comme Bernie Noël il a 29 ans mais bientôt 32. Et tout comme Alain Delon, il aime bien parler de lui à la troisième personne, parce que ça fait genre c'est quelqu'un d'autre qui écrit ce texte pour parler de lui. Également connu sous les pseudonymes de Slylock Holmes et Anakin Slywalker, Sly aime bien raconter sa vie dans ses Chroniques, mais il ne le fait pas souvent car il a la flemme.

16 commentaires :

  1. 555555555555555555555555
    Magnifique…….

    • Il aurait pu perdre bien plus que ses 2000€ vu comment il était accro. J’ai résumé le début de l’histoire, vu que j’ai quand même bien bataillé par mail pour essayer de lui faire comprendre que c’était peine perdue, qu’il fallait l’oublier, et surtout ne pas essayer de la revoir s’il devait revenir en Thaïlande ! Les règles sont pourtant simples : ne pas s’attacher à une fille de bar et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des pays 🙂

      • L amour rend aveugle et idiot, le probleme c est que ce sera pas le dernier a devenir sponsor d une hypothetique histoire « d amour ».Surtout si il vit a 10000 Km.

        En esperant que cette article pourra servir a quelqu un , en lui sauvant quelques baths et surtout la tete.

        A tous les lecteurs, lisez bien, enregistre bien et ne vous faite pas avoir comme un …………….(restons poli,lol)

      • trop fort sly ,,,,,,,, j’apprécie les mecs comme toi qui on des potatos ,,,,, et pas ces cons de farang qui font grimper les prix ici à pataya,,,,,,, moo noi ,,,,

  2. Aller je vais vous la raconter la mienne d’histoire, je suis jamais sortit avec une fille de bar avant cette année (uniquement des nanas de bonnes familles qui voulaient me « take care » puisse que j’était un pauvre français en vacances en Thaïlande sans travail).
    Jusqu’a il y à un an, j’était alors en France et une nana de Pattaya (je n’y ai jamais mis les pieds) m’ajoute sur facebook.
    Je regarde les photos, elle est plus que mega bonne et plus que certain que c’est une lady bar voir une gogo. Elle entame la discussion et me sort le baratin habituel, je met un stop direct elle lui disant que les meufs de bars c’est mort pour moi, mais elle insiste, me file son skype et commence à m’appeler tout les jours, et surtout tout les nuit vert 3h du mat pour dormir avec moi sur skype (personnellement ça me dérange pas si je suis seul).
    De la une certaine complicité nait et surtout une relation sans mensonge ou elle me dit se qu’elle fait, ce qu’elle fume etc….
    Décembre 2011 retour en Thaïlande, 2 jours à BKK et direct Rawaï à Phuket, là le plan habituel je me serre une petite patronne de resto et tout va bien, jusqu’au jour ou on se dispute et que je rêve de la nana de Pattaya la nuit suivante, du coup je l’appel et elle me dit mais « Quoi t’es en Thaïlande et tu me le dis pas, je suis justement à Phuket avec un client j’arrive !!!! »
    De là très belle histoire qui dure depuis 7 mois, j’ai jamais payé quoi que se soit, par contre elle à une famille et besoin de pas mal d’argent chaque mois, du coup elle repart souvent sur Pattaya faire se qu’elle a à faire et reviens me voir dès que c’est bon (généralement une à deux semaines).
    Par ma part elle me laisse la liberté de faire se qui me plait lorsqu’elle n’est pas là (normal vu qu’elle à des clients) mais ne veut pas rencontrer ni savoir qui sont ces filles.
    Donc avoir une relation avec une fille de bar c’est possible, faut juste être pret à faire certain sacrifices (sauf si t’es blindé et que tu take care la famille là elle bouge plus mais bon c’est pas mon optique. « Tu veux des sous va bosser »)

    • Merci bien pour ta petite histoire. Je partage ta vision des choses sur le « tu veux des sous va bosser », et je suis aussi d’accord que c’est possible, mais faut juste pas être jaloux!

      • Se taper une pute -en activité- et croire vivre une histoire d’amour, c’est quand même un peu la honte… Si on croit pas en l’amour… c’est pire !

      • salut a tous …,

        je confirme ladybar = danger ! un ami c est fait siffler 12000euro le coup du resto plus il c est fait claqué la tete pour le faire fuire … entre l’arnaque aux resto et a la guesthouse 50000euro de fond de commerce … ya vraiment 2 thailande !!!

    • je suis d’accord avec toi.. il faut etre pret à accepter les regles.. si tu ne peux ou veux pas lui donner ce qu’elle a besoin il faut la laisser travailler.. ce qui n’est pas simple si elle bosse dans la meme ville ou toi tu es.. car la voir avec un client peut vite provoquer une brutale montée d’adrenaline… tant que l’on ne voit pas c’est assez théorique en pratique c’est plus dur.. pour moi ct meme impossible. fight garanti ahaha
      Ce qui n’est pas simple c’est qu »elles font parfois des bons salaires et que meme si tu voulais c’est pas sur que tu peuves…. ahahah

  3. Merci pour ce nouveau post.
    vraiment il y a des gens naifs à l’extrême,en voici un bel exemple

  4. Somptueux ! Je me suis régalé à la lecture 🙂

  5. C’est pas toujours aussi simple !!

    Ce qui est bien en Thailande c’est que tu n’es jamais sur à 100%.
    Moi je suis avec une thai de Chiang Mai depuis un et demi. je suis resté un an pour faire de la boxe. et c’est elle qui me dit de ne plus m’occuper d’elle. D’arreter de lui envoyé de l’argent…etc
    Elle ne me dit pas qu’elle ne travaille pas. Elle ne ment pas trop, pas plus que moi en tout cas.
    Elle ment si je pose des questions con et que sa réponse me ferait de la peine..
    Elle a un caractere de chien, toujours en colère ahaha mais une deesse au lit.. ça fight pas mal… elle est entiere une ecorchée
    Elle est venue à Ile Maurice ou je travaille mais avec son caractere et le mien c’est impossible de ne pas s’engueuler..
    Enfin pour dire qu’elles ne font pas toutes les larmes et les je t’aime.. etc
    Quand j’entends les mecs qui pleurent apres leur argent.. ça me fait rire…
    Qu’ils se mettent à leurs places des filles.. les gros pleins de bieres, sales qui veulent tout pour 3 francs 6 sous..
    Radin de français.. Nous avons une sale reputation et c’est vrai..
    Il faudrait payer en convertissant le pouvoir d’achat… c’est trop facile de faire le kéké avec ses petits euros..
    Moi j’ai donné ce que je pensais etre le juste prix pour ce qu’elle m’a donné et surtout par rapport à comment moi j’en ai chié pour l’avoir ce fric… moi si j’etais a leur place je ferais peut etre pire… Les mecs donnent parce qu’ils esperent un truc en échange… mais donnez pour donnez… pour l’aider et si vous la renvoyez un jour tant mieux.. sinon vous etes dans le commerce et la les arnaques c’est la vie… c’est pas qu’en thailande…
    Faire la morale à ses filles c’est facile mais faudrait deja commencer par ce regarder avant…
    Sinon j’aime bien ton site !! et ta façon de raconter surtout quand il y a des dialogues.. C’est des histoires et c’est tres sympa..
    A plus peut etre

  6. Kaeuffling ahah ton histoire me fait un peu penser a la mienne, je suis avec une copine thai depuis 2mois maintenant, je l’ai rencontrer a Koh Samui en boite ( j’ai appris plus tard qu’elle travaillais dans le Tiger Bar de Lamai ), on a beaucoup parler en boite ( alors qu’avec les autres filles en general cest 30mn a te chauffer en boite et  » you want to go room ?  » ) je l’ai donc ramener dans ma chambres, sans qu’il ne se passe rien, idem pour la deuxieme nuit. Cela dit la troisieme nuit etait LA meilleur nuit de toute ma vie avec une deesse au lit pendant une full moon party ! 😉

    Elle ne m’a jamais demander de l’argent, mais je lui paye tout ( boite / alcool / bouffe pas plus ). Quand je suis partit de Samui je l’ai laisser deriere moi deux semaines et l’amener avec moi a Bangkok ( oui moi aussi j’habite labas ). J’etais sur qu’elle ne tiendrais pas deux semaines sans voir les client et c’etait le cas.

    Je suis donc partit la chercher sur son ile et l’emmener avec moi sur bangkok, j’ai decouvert par moi meme qu’elle etait partit avec un client, un seul pendant les deux semaines. Elle ne voulais pas me le dire pour ne pas me faire de la peine. Ensuite elle m’a expliquer qu’il lui a donner 10 000 bath pour deux jours en sa compagnie et une seule baise. Bon c’est toujours mieux ca qu’elle me disent qu’elle ma tromper avec un Helmut pour 1500bath. Ensuite elle a parler avec lui pour qu’il deviennent son sponsors, un mois plus tard il a donner 20 000bath a ma copine pour la revoir, depuis plu de nouvelle pour lui.

    Je pense qu’une histoire est possible entre un farang et une lady bar, a partir du moment ou le farang n’est pas le porte monnaie de la fille en question. Entre moi et elle jamais question d’argent, pas de barfine, pas de ST ou LT, nan que dalle juste des moment ensembles. Pendant une semaines elle a quitter son bar pour rester avec moi, elle ne m’a pas parler de barfine ni rien, tout les jours c’etait -300 bath sur son salaire ( barfine a 300 bath a Samui ahah ! ). Puis vous vous voyez vraiment expliquer a vos amis que vous avez rencontrer votre copine dans un gogo bar et que tout a commencer avec un LT a 3000 bath ? Bof bof ..

    Aller salut, et Sly si tu lit ce message va faire un tour sur ton facebook 😉
    Nicolas Smkr.

  7. bravo pour ton site sly un petit mot pour tout les mecs jaloux je suis en thailande six mois par an et comme toi dans cette chronique pret a jouer les detectives lol

  8. Géniale l’enquête…
    Dis tu te déplaces à Phuket ^^ ?

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